Pour les laboratoires Roche (division Diabetes Care), La Haute Société a réalisé une applications m-santé intitulée Gluci-chek, à destination des diabétiques, dont vous pouvez retrouver l’étude de cas complète ici.
L’exigence, le savoir-faire, et l’expertise du client en la matière, ainsi que la méthode utilisée nous ont permis d’éviter le travers de beaucoup des applications de santé ne relevant pas de l’appellation « Dispositif Médical » (voir ci-après), et réalisées le plus souvent sans réel encadrement. De plus, la création et animation de focus groups, et les échanges fréquents avec un médecin spécialiste reconnu nous ont permis de mettre en place un processus pertinent.
Ainsi la base de données alimentaire fournie par Roche, validée par des scientifiques indépendants, et les besoins des utilisateurs analysés lors des focus groups, nous ont permis de proposer une application qui a été plébiscitée par les diabétiques : plus de 40 000 téléchargements à ce jour, et de nombreux retours media. Un chiffre conséquent, surtout lorsque l’on sait que sur les 150 000 applications de santé disponibles dans les stores, 50% sont téléchargées… moins de 500 fois !
Le succès a aussi été critique, puisque l’application obtient depuis son lancement une note oscillant régulièrement entre 16 et 19/20 sur dmdpost et fait toujours partie des applications les plus vues et consultées sur ce site de référence créé par des médecins et des professionnels de santé. Cette application a été sélectionnée pour participer aux Appdays 2015 rendez-vous majeur de la la communauté des applications et du marketing mobile. La version 2 de l’application verra le jour au début de l’année 2016.
Le marché de la m-santé est dans une phase critique de développement, et il nous paraît pertinent de remettre en perspective tous les tenants et aboutissants de l’écosystème dont elle fait partie. Ainsi avant de définir la “m-santé ” (pour “santé mobile ”), il est important de définir la e-santé dont elle est une des composantes.
e-Santé
La e-santé (ou télésanté, peu utilisé) est l’un des grands enjeux de la santé de demain. Ce terme relativement récent désigne la pratique des soins de santé pris en charge (ou relayés) par des procédés électroniques et informatiques, qui remontent à au moins 1999.
Sa définition précise n’est pas aisée puisque une ancienne étude (menée en 2005) relevait déjà 51 définitions différentes.
Le wikipedia français en donne celle-ci :
Le mot télésanté désigne « l’ensemble des technologies, des réseaux et des services de soins basés sur la télécommunication et comprenant les programmes d’éducation, de recherche collaborative, de consultation ainsi que d’autres services offerts dans le but d’améliorer la santé du patient. ”
L’OMS en donne celle-ci en 2005 :
“ Consiste à utiliser (…) les TIC à (Combinaison de produits et de services qui capturent, enregistrent et affichent des données et des informations, par voie électronique) l’appui de l’action de santé et dans des domaines connexes, dont les services de soins de santé, la surveillance sanitaire, la littérature sanitaire et l’éducation, le savoir et la recherche en matière de santé.”
Toutes les définitions utiles de ce vaste écosystème sont à retrouver ici.
La e-santé participe de plus en plus à un vaste ensemble de pratiques et de thématiques comme :
- la diffusion d’informations et de savoirs (auprès de confrères, de personnel en formation ou d’étudiants)
- la mise en relation du personnel de santé avec le patient (informations, diagnostic, surveillance…)
- la mise en relation du personnel de santé avec des confrères (débats et conférences, relais pour prise en charge du patient, confrontations et échanges sur les données d’un patient…)
- la mise en relations de bases de données (relative à un patient, ou pour organiser la circulation de données en réseau)
- la pratique à distance (téléchirurgie, prescription, aide et conseils à distance, e-detailing…)
- le remboursement ou la gestion des frais de santé
Cette liste non exhaustive peut s’appliquer à des domaines aussi différents que le diagnostic, le traitement (curatif, palliatif, préventif), la recherche (fondamentale, appliquée), l’évaluation, la formation… Dans lesquels on retrouve un multitude d’acteurs : professionnels de santé (médicaux, paramédicaux, gestionnaires, services juridiques), industriels, scientifiques, usagers, institutionnels…
m-Santé
La m-santé (ou m-Health) est une des branches de la e-santé, désignant la pratique de la médecine et les rapports à la santé par le biais d’appareils mobiles.
L’OMS la définit ainsi :
“ Pratiques médicales et de santé publique supportées par des appareils mobiles, tels que les téléphones mobiles, les dispositifs de surveillance des patients, les PDA et autres appareils sans fil. ”
Elle bénéficie d’une croissance exponentielle due à l’utilisation de plus en plus répandue des smartphones et tablettes (dont l’usage devance désormais le traditionnel desktop pour l’accès à Internet). Notons que les appareils mobiles ne se limitent pas aux smartphones et tablettes : les objets connectés en font partie, et nul doute qu’ils seront très nombreux et présents au quotidien dans un avenir proche. On pense bien évidemment, entre autres, aux utilisations qui peuvent être faites pour les personnes en situation de handicap.
Perspectives et progression
Les perspectives dans le domaine sont plus qu’encourageantes, et selon une étude de PWC réalisée aux USA :
- 86% des cliniciens pensent que les applications mobiles vont devenir incontournables dans leur travail dans les 5 prochaines années.
- 92% des patients utilisant déjà des objects de santé connectés (ou applications de santé) sont prêts à partager les données récoltées.
- 76% des patients sont prêts à utiliser une solution mobile prescrite par un professionnel médical (voir également cet article de Stethoscom à ce sujet).
- 54 des patients ont moins d’angoisse quand le personnel utilise des tablettes ou autres appareils digitaux (rassurant).
- 85% des patients souhaitent que les hôpitaux utilisent les dernières technologies de collecte et de traitement d’informations digitales.
- 57% des américains retrouvent leurs informations de santé en ligne (historique médical, activité physique, symptômes).
- 22% des personnes aux USA utilisent ces appareils, et les perspectives indiquent une progression à 44% pour 2020.
- 74% des hôpitaux qui utilisent des tablettes ou autres appareils pour collecter des données de patients sont plus efficaces que ceux qui n’en utilisent pas.
Les progressions les plus fortes sont attendues (source : PWC) dans les catégories qui sont déjà les plus populaires :
- la diététique et le « manger sain » (23%)
- la perte de poids (18%)
- les exercices physiques (18%)
- l’éducation sur la santé en général (18%)
Aux USA, la puissante FDA (Food and Drug Administration) tente d’encadrer de façon précise les dispositifs qui veulent se lancer sur le marché, et n’a approuvé que 33 applications comme relevant de dispositif agréé, pour l’année 2014. Les prévisionnistes ne la voient pas en approuver plus d’une centaine par an à l’horizon 2018.
Ces dispositifs mobiles bénéficient d’une confiance en hausse chez les médecins (enquête Ipsos-mori) et participent d’un marché qui pourrait faire économiser plus de 100 milliards de dollars dans les prochaines années, même s’il reste toutefois beaucoup d’efforts à faire pour mieux engager les patients.
Dispositif médical… ou pas
Concernant les applications mobiles de santé en France, il est important de noter qu’une différence juridique est faite entre une application relevant d’un “dispositif médical de santé” (DM), agréé par les autorités compétences, et une application “de bien-être”, qui peut être lancée sur le marché par tout un chacun.
Un dispositif médical de santé doit se plier à de nombreuses exigences et montrer patte blanche afin de passer les fourches caudines des normes et exigences du gouvernement et de l’Union Européenne. Vous pouvez retrouver ici ce que l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) rappelle concernant les exigences relatives aux applications mobile de santé, qui sont clairement synthétisées dans cet article de Guillaume Promé.
De fait donc, nombre d’applications mobiles de santé ne sont pas estampillées DM, et certains observateurs sont inquiets face à cette jungle puisque les utilisateurs pensent bien souvent que ces applications sont agréées par une quelconque institution… et il n’en est rien. Plus de 150 000 de ces applications sont disponibles sur les stores, et si les plus populaires sont celles qui sont relatives au “ quantified self ” (avec notamment une très grosse présence des applications dédiées à la pratique du sport, le suivi du poids, dont le badge “pro” estampillées sur certains d’entre elles ne signifie absolument rien).
On est en droit de se demander si par exemple, une application destinée à perdre du poids (et présenté jusque dans son titre comme une application “santé”) peut se révéler sans risques pour certaines personnes, qui pensent légitimement que cette application est faite par des médecins spécialistes, alors qu’elle a été faite par une personne seule dans son coin qui n’a aucune expertise en la matière, et qui bien souvent a simplement recopié le voisin, en changeant juste le graphisme de l’interface.
DMD Santé relève que dans les 150 applications les plus téléchargées en France :
- « (…) seulement 24 % des mApps déclarent avoir fait appel à au mois un professionnel de santé lors de sa conception.
- quasiment aucune n’a fait appel à un patient…
- 4 mApps sur 10 n’indiquent pas à qui elles sont destinées, comme si un médicament ou un produit de santé ne correspondait pas à une pathologie ou à un type de patients…
- 6 sur 10 ont un contenu médical ou scientifique mais moins de 2 sur 10 parmi celles-ci citent leurs sources… – la transparence et l’usage des données recueillies :
- 8 sur 10 n’ont aucune CGU (conditions générales d’utilisation) et 1 sur 2 n’affiche aucune coordonnée de l’éditeur, de contact…
- Encore plus surprenant, voire inquiétant, alors que 6 mApps sur 10 ont une fonction de recueil de données (maladie, email, âge, sexe, poids, traitement, géolocalisation,etc.) 4 sur 10 parmi celles-ci n’ont aucun élément d’information en lien avec l’usage et le traitement de ces données. »
Cette « gadgétisation » qui confond santé et bien-être est dénoncée par certains acteurs de la santé connectée qui regrettent dans le même temps le poids de normes trop pesantes qui feraient de la France un pays à la traîne, comme en témoigne cette entrevue de U.Diegel de iHealth, sur petitweb.fr. Des initiatives de labellisation comme le nouveau dispositif « mHealth Quality » tentent de remédier à ces problématiques, sans pour autant être encadrées par la législation.
Le conseil national de l’Ordre de médecins recommande (entre autres choses) aux utilisateurs de toujours signaler en amont à son médecin traitant l’utilisation de ces applications dans son livre blanc paru en janvier 2015 “ Santé connectée : de la e-santé à la santé connectée ”, et ce, que les applications soient labellisées “Dispositifs médical” ou pas.
Vous voulez en savoir plus sur le sujet ?
Vous envisagez de faire un projet m-santé ?
Vous voulez participer à notre événement « Santé et Digital » qui aura lieu le 3 décembre 2015 à Grenoble et le 11 février à Lyon (avec la présence de Nicolas Rohrbach de Becton Dickinson et Emilie Peylin de Roche Diabetes Care) , n’hésitez pas à nous contacter !